L’industrie de l’automobile en souffrance en ce début d’année 2022

Deux ans après la crise sanitaire, l'industrie automobile peine encore à se reconstruire. Alors que l'on croyait voir enfin le bout du tunnel, la guerre en Ukraine fait replonger les principaux indices du secteur. On vous explique pourquoi.
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Deux ans après la crise sanitaire, l’industrie automobile peine encore à se reconstruire. Alors que l’on croyait voir enfin le bout du tunnel, la guerre en Ukraine fait replonger les principaux indices du secteur. On vous explique pourquoi.

Le secteur de l’automobile en grande souffrance depuis 2020

En 2020, la crise sanitaire marquait une année noire pour l’industrie de l’automobile. Les ventes des 15 entreprises majeures du secteur atteignaient leur niveau le plus bas depuis la crise de 2008 tandis que leurs chiffres d’affaires reculaient en moyenne de 13%.

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Alors que l’Europe de l’Ouest et les États-Unis faisaient grise mine quant au nombre de véhicules vendus en 2020 (-25% pour les français et -14% pour les américains), la Chine sauvait les meubles (-4% de ventes).

Même si l’impact de la pandémie devait se résorber avec la vaccination et la reprise de la vie normale, d’autres points venaient encore noircir le tableau :

  • Dans un premier temps, le secteur de l’automobile semble être en pleine révolution. Avec les problèmes environnementaux alarmants, la question des véhicules électriques ou à hydrogène se pose clairement et nécessitera de forts investissements en recherche et développement.
  • Dans un second temps, depuis quelques années maintenant, les constructeurs font face à une pénurie de composants électroniques. Ces problèmes d’approvisionnements sont des casse-tête supplémentaires qui viennent ralentir encore plus la reprise d’activité.

🔗 Pour approfondir — Investir en temps de guerre : les leçons du conflit russo-ukrainien

Un nouveau coup avec le conflit russo-ukrainien

Alors que les demandes en véhicules repartent à la hausse depuis la crise sanitaire, la guerre en Ukraine vient porter un nouveau coup aux espoirs des acteurs du secteur. La pénurie de matières premières engendrée par le conflit risque de restreindre les capacités de production et d’empêcher les constructeurs de répondre à la demande.

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Avec ce conflit, l’ensemble du secteur de l’automobile mondial est en train de réaliser que les chaînes d’approvisionnement causent aujourd’hui de gros problèmes de logistique. Depuis des décennies, la dépendance aux pays étrangers s’est accentuée, rendant l’industrie plus que jamais fragile et exposée aux aléas extérieurs (y compris géopolitiques).

Le premier exemple est celui du palladium, un métal rare de la famille du platine. Celui-ci est essentiellement utilisé pour la fabrication des pots catalytiques pour véhicules à essence (soit plus de 75% de la demande). Or, en 2019, la Russie représentait à elle seule environ 40% de la production mondiale du précieux métal.

Mais ce n’est pas tout. L’Ukraine est l’un des principaux fabricants de faisceaux électriques au monde. Cet élément permet de regrouper des câbles d’alimentation, de données, de contrôle et de communication et concerne tous les véhicules, qu’ils soient thermiques, hybrides ou électriques. Bien que le pays est annoncé une délocalisation de sa production, le problème devrait prendre longtemps à être complètement réglé.

Évidemment, il faut ajouter à cela la pénurie en semi-conducteurs, la hausse du prix du gaz et du pétrole, la flambée des prix des métaux, etc. En considérant tous ces éléments, il est indéniable que l’industrie automobile européenne est en danger, et les résultats sur les marchés financiers viennent le certifier.

🔗 Pour en savoir plus — Investir dans les semi-conducteurs

De mauvaises performances sur les marchés financiers

Renault, en chute libre

Le constructeur automobile français est très dépendant de la Russie. Pointé du doigt par les ONG, les partis politiques, la population puis par le président ukrainien en personne, Renault a finalement dû mettre en pause ses usines situées en Russie. En conséquence, le prix l’action Renault (RNO) a dégringolé de plus de 46% en l’espace d’une semaine, passant de 38 euros à seulement 20 euros. À l’heure de l’écriture de ces lignes, le cours s’est légèrement repris et l’actif s’échange autour de 23 euros.

Action Renault
L’action Renault chute de 46% après l’annonce du conflit

Volkswagen, une baisse plus modérée

Déjà bien émoussé par le « dieselgate », scandale datant de 2015 où le groupe allemand est accusé d’avoir falsifier des résultats de tests de pollutions sur ses moteurs, la crise du Covid puis le conflit russo-ukrainien ont continué de faire plonger Volkswagen.

Bien impacté par les problèmes d’approvisionnement en provenance de l’Ukraine, le constructeur allemand a du réduire fortement sa production. Forcément, l’impact sur les marchés financiers n’a pas tardé à se faire sentir : -20% depuis la mi-février.

L’action de Volskwagen (VOW) a connu un point bas aux alentours de 180 dollars, au plus fort de la crise, avant de remonter à 225 dollars à l’heure de l’édition de ces lignes. Un comportement boursier qui semble plus positif que celui de son concurrent français.

L’action Volkswagen s’en sort un peu mieux et reprend rapidement des couleurs

Tesla, une lueur d’espoir ?

Pendant ce temps-là, le constructeur automobile américain continue d’afficher des chiffres exceptionnels. Entre avril 2021 et mars 2022, le groupe d’Elon Musk a vendu plus d’un million de véhicule, un record pour la firme.

Quand à l’aspect boursier, la société s’en tire également bien mieux que ses concurrents. Il est vrai, la récente annonce de stock split a participé à pousser le cours de l’action à la hausse. Pour faire simple, Tesla prévoit de diviser le prix de son action par 6 afin de la rendre beaucoup plus accessible, celle-ci évoluant actuellement aux alentours des 1130 dollars.

Bien entendu, pas de panique pour les détenteurs actuels, chaque titre TSLA dans leurs portefeuilles serait transformé en 6 nouveaux titres. De manière générale, ces annonces sont très appréciées des investisseurs, et encore une fois, cela n’a pas manqué. Depuis la mi-février, le cours de l’action Tesla a simplement grimpé de plus de 30%.

L’action Tesla s’envole encore plus haut

Toutefois, soyez vigilants si vous prévoyez d’investir dans Tesla. Bien que la société américaine prévoit de procéder à un stock split, et que celui-ci devrait apporter de nouveaux capitaux, l’annonce s’est déjà appréciée sur les marchés financiers. Le cours de l’action est proche de ses plus hauts historiques et travaille actuellement de zones de résistance assez importantes.

🔗 Pour aller plus loin — Amazon annonce le « split » de ses actions, faut-il acheter maintenant ?

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Lilian Aliaga

Lilian Aliaga

Lilian est titulaire d'un diplôme d'école d'ingénieur à l'ENSEEIHT de Toulouse et d'un master à l'USTH d'Hanoi au Vietnam. Il découvre le monde de l'investissement par le biais des cryptomonnaies, domaine pour lequel il se passionne très rapidement. Lilian est également rédacteur et vidéaste pour le média Cryptoast.

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