Comprendre le marché des cryptommonaies en France | Investisseurs & Acteurs

Etudes sur les cryptos en France


Que retenir des études sur les cryptomonnaies réalisées par l’Adan et Ipsos ? Si les cryptomonnaies, et notamment le bitcoin, ont commencé à être évoqués régulièrement dans l’espace public à partir de 2018, la pandémie a sans nul doute accentué ce phénomène. De plus, la montée de l’inflation et la nécessité d’y faire face incitent les entreprises et les particuliers à chercher des solutions. C’est pourquoi l’entrée en bourse de Coinbase, le lancement du Metaverse ou encore un marché crypto qui totalise plus de 2 500 milliards sont autant d’indices attestant que les cryptoactifs offrent des perspectives intéressantes.

Cet article est un bilan du secteur pour vous aider à mieux comprendre le marché des cryptomonnaies aujourd’hui en France. Il se divise en deux parties. La première montre le profil type des actuels et futurs investisseurs. La seconde dresse le portrait des entrepreneurs du milieu, les difficultés qu’ils rencontrent et leur fort potentiel de développement.  

Le rapport, que cet article résume, est le fruit de la collaboration entre l’institut national de sondage IPSOS et l’équipe Blockchain Partner de KPMG. Pour le compte de l’Adan (l’Association des actifs numériques), KPMG a procédé à l’étude complète des données recueillies auprès de 2003 Français et de 29 entreprises ayant recours aux cryptomonnaies. Vous trouverez le lien sur l’étude originale publiée par l’Adan en fin de cet article.

Les chiffres clés à retenir

  • 💰 8 % de Français ont déjà investi dans des cryptos-actifs (cryptomonnaies ou NFT), ils sont donc plus nombreux que les 6,7 % de Français qui possèdent des actions.
  • ❤️ 49 % de bitcoin, 29 % d’ether, 28 % de bitcoin cash, c’est le trio gagnant d’un portefeuille crypto classique en France.
  • 📈 22 % c’est le nombre de Français qui cherchent à se protéger de l’inflation, parmi ceux qui envisagent bientôt d’acheter des cryptos.
  • 👩‍⚖️ 100 000 emplois directs pourraient être créés dans le secteur crypto d’ici 2030.
  • 🏦 70 % des entreprises interrogées dans le secteur des crypto-actifs déclarent avoir rencontré des difficultés pour ouvrir un compte bancaire ou avoir accès à des produits et services assurantiels.
  • 👿 0,15 % des transactions réalisées en cryptos étaient liées à des activités illicites en 2021.

Les Français et les cryptos

La popularité des cryptomonnaies et des NFT aujourd’hui en France

D’après les données recueillies auprès des 2003 Français interrogés : 

  • 77 % ont déjà entendu parler des cryptomonnaies ;
  • 15 % ont déjà entendu parler des NFT ;
  • 14 % ont entendu parler des deux à la fois.

Le fait qu’une partie aussi importante de la population française ait connaissance des cryptomonnaies vient d’événements marquants comme le fait que le Salvador ait adopté le bitcoin comme monnaie ayant cours légal, qu’Elon Musk y fasse souvent référence dans ses tweets, ou encore qu’Airbnb les envisagent comme de futurs moyens de paiements. 

Christies réalise une vente de plus de 69 millions de dollars avec Beeple - Source Christie's
Christies réalise une vente de plus de 69 millions de dollars avec Beeple. Source : Christie’s

Si, à l’inverse, seulement 15 % des Français ont eu vent des NFT, c’est parce que leur médiatisation n’est que très récente. En 2021, Christies avait créé l’événement en vendant aux enchères l’œuvre d’art de Beeple. Bitcoin, quant à lui, faisait déjà les gros titres dès 2018 suite à sa chute fracassante. Sa remontée spectaculaire en 2020 n’a pas non plus manqué d’attirer l’attention. 

Parallèlement aux chiffres susmentionnés, 24 % des sondés déclarent avoir entendu parler de monnaie numérique de banque centrale (MNBC), 21 % de finance décentralisée (DeFi) et 19 % de stablecoins (ex : USDT, USDC, DAI, etc.).

Les Français ayant l’intention d’acquérir ou ayant déjà acquis des crypto-actifs 

12% des français détiendraient des cryptos d'ici fin 2022
12 % des Français détiendraient des cryptos d’ici fin 2022 – Adan

Toujours sur le même échantillon de sondés, 8 % ont déjà investi dans des cryptos-actifs, c’est-à-dire des cryptomonnaies ou des NFT. Ils sont donc plus nombreux que les 6,7 % de Français qui possèdent des actions. C’est un fait notable vu l’émergence extrêmement récente de l’Internet de la valeur.

Parmi ces 8 % de détenteurs de cryptos, environ deux tiers se sont lancés suite au krach du bitcoin en 2018 et pendant le confinement de 2020. En se fondant sur des hypothèses conservatrices, et si l’intention d’acquérir des crypto-actifs se concrétise chez les Français, ce socle de 8 % pourrait bien atteindre 12 à 13 % d’ici la fin de 2022.

On constate que trois groupes ont émergé chez les personnes interrogées. Le premier, qui représente 39 %, n’a jamais investi dans les cryptos ou n’a aucune intention de le faire. Le deuxième, avec 37 %, a déjà investi dans les cryptos ou a l’intention de le faire. Le troisième groupe, qui compte 24 %, ne connaît pas du tout le sujet. On constate ainsi une parfaite symétrie entre le deuxième groupe et les 37 % de citoyens intéressés par l’acquisition d’actions.

Le profil type de l’investisseur français en crypto

L’écart générationnel est très net. En effet, 46 % des détenteurs de cryptos et 29 % de ceux qui comptent bientôt en faire l’acquisition ont moins de 35 ans. Ces chiffres s’amenuisent à mesure que l’on remonte la pyramide des âges. Les 35-44 ans ne représentent plus que 21 % de ceux qui ont investi, et ce chiffre tombe à seulement 10 % pour les plus de 66 ans.

Sur le plan des rémunérations, 37 % des investisseurs déclarent disposer d’un revenu inférieur à 18 000 € par an, contre 25 % pour la société française dans son ensemble. Par conséquent, les revenus les plus faibles détiennent davantage de cryptos que les revenus plus élevés. 

Enfin, on relève que la « vague crypto » déferle sur tout le territoire français, avec une légère surreprésentation de la région parisienne et des grandes agglomérations par rapport aux territoires ruraux. Néanmoins, cette disparité géographique s’estompe parmi ceux qui envisagent d’investir dans un avenir proche.

Zoom sur la composition d’un portefeuille crypto classique en France

Le trio des cryptomonnaies actuellement privilégiées est le suivant : 

  • 49 % de bitcoin ;
  • 29 % d’ether ; 
  • 28 % de bitcoin cash.

Il est intéressant de noter que le bitcoin est la seule cryptomonnaie dont la volonté d’achat est supérieure à l’acte effectif d’investissement. En effet, 69 % des Français n’ayant pas encore investi souhaitent acheter du bitcoin, quand seulement 49 % ont réellement franchi le pas. Cet effet dissuasif viendrait d’un discours négatif sur Bitcoin, le décrivant comme une technologie déjà dépassée. Les investisseurs se réorientent donc vers des projets considérés comme plus prometteurs, mais bien plus risqués compte tenu de leur nouveauté. 

L’attractivité de l’ether vient de toutes les applications possibles que permet cette cryptomonnaie. La présence de Bitcoin Cash en troisième position peut surprendre, au vu de son usage actuel et de ses caractéristiques techniques. Cette popularité peut s’expliquer auprès des néophytes par un nom proche de Bitcoin. Pour ceux qui souhaitent investir, les intentions atteignent 28 % pour bitcoin cash et 14 % pour l’ether.

Les motivations des Français qui investissent dans les cryptomonnaies

76 % des investisseurs en cryptomonnaies consacrent moins de 10 % de leur épargne à cette classe d’actifs. Ce comportement d’investissement, à la fois raisonnable et prudent, est à l’inverse de ce qui est souvent dépeint dans les médias. 16 % déclarent avoir entre 26 et 50 % de leur épargne en cryptos, et 7 % y ont investi plus de la moitié de leur épargne. 

Pour 60 % de ceux qui veulent faire l’acquisition de cryptomonnaies, la recherche de rendement est l’objectif numéro un. Deux autres intentions se démarquent ensuite : celle de réaliser un placement sur le long terme pour 38 %, celle de se protéger contre l’inflation pour 22 %. Au sein des personnes sondées, la majorité considère que les cryptos peuvent être une valeur refuge. 

Toujours pour les individus prêts à investir dans les cryptos, les raisons de leur démarche résident en :

  • l’absence de confiance en les banques (12 %) ;
  • la volonté de confidentialité sur les transactions (10 %) ;
  • l’adhésion à un choix idéologique visant à qualifier ces actifs de « monnaies » (7 %) ;
  • la volonté d’envoyer de l’argent à l’étranger (2 %).

Malgré des motivations fortes, près de la moitié des personnes cherchant à investir n’ose pas franchir le pas en raison de la complexité du sujet. L’autre moitié se divise entre ceux qui considèrent les cryptomonnaies comme un actif encore trop risqué et ceux qui n’ont pas d’épargne disponible. À ces nombreux obstacles, s’ajoute aussi le fait qu’un grand nombre de banques traditionnelles ne proposent pas encore de services relatifs aux cryptos. 

La conservation des cryptos-actifs via les PSAN

Qui détient vos cryptos ? Un dilemme qui se poursuit
Avoir ou ne pas avoir de PSAN ? Telle est la question

« Seuls 9 % déclarent connaître le dispositif PSAN. Cependant, une fois la description du PSAN faite, 62 % trouvent cet enregistrement rassurant pour investir. » – Rapport de l’Adan février 2022

PSAN est l’acronyme de prestataire de services sur actifs numériques. Chiffre édifiant : 62 % des détenteurs de cryptos externalisent la conservation de leurs actifs sur des PSAN. Moyennant rémunération, un PSAN assure une conservation plus sécurisée des actifs de clients. Parmi les plus connus on recense :

  • Kraken ;
  • Paymium ;
  • Litebit ;
  • Just Mining

Des courtiers comme eToro, Coinbase, Binance etc. sont des plateformes d’échange qui proposent également ce type de services. Néanmoins en France, ils ne bénéficient pas du statut officiel de PSAN.

À l’inverse, 32 % des sondés indiquent conserver eux-mêmes leurs actifs sans passer par un tiers. Les détenteurs ayant recours aux deux méthodes ne représentent que 5 %. En raison des problèmes liés à la cybersécurité, et à mesure que les Français diversifieront leurs portefeuilles crypto, les acteurs de conservation (ex : Ledger, Metamask, Argent) devraient connaître une importance croissante. Affaire à suivre donc.

Portrait des acteurs de l’industrie des cryptomonnaies en France 

Les chiffres clefs sur l’industrie 

L’industrie française des crypto-actifs représente en janvier 2022 :

  • 1 129 salariés, dont 85 % en France ;
  • 1,2 milliards d’euros de fonds levés.

D’après les données recueillies, une potentielle croissance de 120 % des effectifs salariaux est attendue pour janvier 2023, et des levées de fonds supplémentaires sont à prévoir.   

Parallèlement aux entreprises interrogées, il faut garder à l’esprit que l’écosystème inclut des start-ups non-établies développant des projets crypto encore sous les radars. Ainsi, en 2019, la Direction générale des entreprises (DGE) avait estimé que 200 projets blockchain étaient actifs. La Banque publique d’investissement (bpifrance) avait validé ce chiffre, et recense à ce jour au moins 600 projets crypto.

Si l’on émet l’hypothèse que 20 % de ces projets aboutiront à des créations d’entreprises, et en appliquant un ratio classique en France d’après lequel 60 % des entreprises passent le cap des 5 ans d’existence, on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’une soixantaine de projets viennent alimenter le secteur français d’ici 2027. Et ce, sans comptabiliser les futures créations d’entreprises ces 5 prochaines années. 

Dès lors, si la tendance observée depuis 2019 suit son cours, le secteur crypto pourrait être à l’origine de plus de 100 000 emplois directs d’ici 2030.

Les perspectives d’emplois en cryptomonnaies

La demande de développeurs Solidity en pleine expansion

97 % des entreprises interrogées sont en recherche de candidats. Il s’agit là d’un indicateur fort, à la fois sur le dynamisme du secteur mais également sur la grande difficulté à pourvoir ces postes. 

Dans 93 % des cas, les candidats recherchés ont des profils techniques. Le Graal pour ces employeurs sont les développeurs maîtrisant le langage Solidity, qui permet notamment de créer des smart contracts (contrats intelligents en français). Les développeurs spécialisés sur des langages plus spécifiques comme Rust ou Mackenzy sont aussi très demandés. 

Les développeurs informatiques plus généralistes (full stack, back-end, front-end) sont également convoités, car les applications blockchain et les smart contracts nécessitent d’interagir avec des API, des sites web et le public en général. Ces compétences étant déjà en pénurie dans la filière du numérique, la demande exponentielle du secteur crypto aggrave encore la situation.

Cela est d’autant plus alarmant que cette insuffisance de profils techniques se fait lourdement sentir alors qu’il n’existe, pour le moment, qu’une centaine d’entreprises crypto en France. Le besoin de formation dans ce secteur sera donc énorme.

Pour autant, ce problème est loin d’être inhérent à la France, et semble lié à une véritable tendance de fond, y compris en dehors de nos frontières. Des études montrent qu’aux États-Unis, même les géants de la tech, pourtant réputés être particulièrement attractifs, ont du mal à retenir les profils intéressés par la crypto. 

Un grand besoin en formations, parallèlement aux initiatives existantes

Polytechnique Paris et l'ENS prennent les devants en proposant des formations techniques sur la cryptographie, la technologie blockchain et le développement informatique.
Polytechnique Paris et l’ENS prennent les devants en proposant des formations techniques sur la cryptographie, la technologie blockchain et le développement informatique.

Pour continuer à se développer en dépit du manque de ressources humaines, les entreprises mettent en place des programmes de formation et de mentorat. Elles recrutent de très jeunes profils qu’elles forment elles-mêmes sur des métiers aussi bien techniques que non-techniques. De plus, 38 % des entreprises interrogées externalisent leurs recherches de candidats auprès de chasseurs de tête ou agences de recrutement qui peuvent facturer jusqu’à 30 % du salaire annuel du salarié. 

D’autres entreprises nouent des partenariats avec des universités pour sensibiliser les étudiants à ce nouveau secteur et ses débouchés. À titre d’exemple, l’école Polytechnique de Paris, en partenariat avec CapGemini, a créé sa chaire Blockchain et B2B Platforms. Certaines entreprises nouent aussi des liens avec l’ENS qui enseigne la cryptographie, ou EPITA, spécialisée dans le développement informatique, qui développe des cours sur la blockchain. 

Des initiatives privées se mettent également en place pour former rapidement des personnes intéressées. Ces formations sont condensées en quelques semaines, voire seulement quelques jours. Alyra est un exemple de formation rapide de 10 semaines pour développer des compétences en développement informatique crypto. À l’étranger, BloomTech propose une formation où il est possible de ne payer l’école qu’après avoir été recruté pour un poste rémunéré à 50 000 € par an minimum.

Des financements publics disponibles, mais un parcours administratif laborieux

Financer son projet crypto, un enjeux de taille pour les entrepreneurs français.
Le financement, un enjeu de taille pour les entrepreneurs français.

De son côté, le gouvernement français encourage les initiatives dans les technologies blockchain en proposant des aides publiques. Les acteurs majeurs sont l’État et la Banque publique d’investissement (bpifrance).

Au niveau territorial, de nombreuses collectivités, régions et métropoles ont développé des programmes d’aide aux projets innovants, avec ou sans l’appui de bpifrance. L’État affiche également son soutien via le statut de jeune entreprise innovante (JEI), le Crédit d’impôt recherche (CIR) et le Crédit d’impôt innovation (CII) ayant pour but de soutenir la recherche et développement. 

Bpifrance dispose d‘une équipe possédant des connaissances solides sur les crypto-actifs et l’évolution du marché. C’est également le seul acteur public à avoir investi au capital de certaines entreprises crypto, même si cela reste encore négligeable.

La complexité des démarches administratives freine toutefois les velléités de beaucoup d’entrepreneurs. Par manque de temps ou de motivation, certains externalisent leurs demandes de financements auprès de cabinets spécialisés. C’est pourquoi, même si ces aides publiques existent, leur lourdeur administrative fait qu’un grand nombre d’entreprises n’en font pas la demande.

Des financements privés abondants, mais majoritairement asiatiques et américains

Le manque de financements européens, une aubaine pour les fonds d'investissements étrangers
Investir dans les cerveaux français ? Une aubaine pour les fonds d’investissements étrangers

Le système des levées de fonds

41 % des entreprises ont lancé leur projet à partir de fonds propres, souvent suite à la vente d’une entreprise précédente. Le très faible taux de recours au crédit s’explique par le fait que, dans la grande majorité des cas, l’accès à un compte bancaire n’est pas accordé aux projets cryptos.

Malgré tout, ce secteur encore considéré comme une niche, compte déjà deux licornes dans le top 10 des plus importantes levées de fonds de la French Tech en 2021. Sorare est en première position du classement avec 580 millions d’euros levés et Ledger en 5e position avec 339 millions d’euros. Au niveau international, la totalité des levées de fonds en 2021 dans le secteur crypto s’élève à plus de 30 milliards d’euros (cf. Report: VCs Invested $33B in Crypto and Blockchain Startups in 2021 – Blockworks).

La prédominance des fonds étrangers 

Parmi les fonds d’investissement qui s’imposent peu à peu sur ce marché, les entreprises françaises constatent la surreprésentation des fonds américains et asiatiques. Les investisseurs français sont avant tout des business angels ou des fonds non spécialisés dans le web3. Ils suivent les tendances des venture capital spécialisés comme Coinbase Ventures, a16z ou Pantera.

À date, il n’existe pas de fonds d’investissement français qui ait une expertise reconnue dans le secteur web3 en France. À un stade avancé de financement (à partir de Série A), les entreprises françaises de crypto préfèrent faire entrer au capital des fonds étrangers pour bénéficier de leurs réseaux, de leur réputation, de leurs stratégies et de leurs financements souvent plus conséquents. 

Néanmoins, pour chaque nouvelle entreprise qui choisit un fonds étranger pour se financer, elle renforce la compétitivité à venir de ce même fonds, rendant plus probable son attractivité pour les prochaines entreprises françaises. Cela peut être vu comme un cercle vicieux pour la souveraineté économique et numérique françaises. Un entrepreneur interrogé avait notamment déclaré : « En France on se félicite d’avoir des licornes, alors qu’on les vend peu à peu à l’étranger ».

L’absence de dépositaires agréés reconnus par l’AMF

En France, la principale difficulté pour les fonds d’investissements qui veulent participer à une levée de fonds vient du fait que les jetons ICO (initial coin offering) doivent être acquis auprès d’un tiers de confiance agréé par l’AMF (l’Autorité des marchés financiers). En d’autres termes, les tokens achetés par des fonds d’investissement doivent obligatoirement être conservés chez un dépositaire reconnu par l’AMF. Or, pour le moment, ces dépositaires n’existent pas. La loi PACTE était censée conférer le statut de PSAN aux dépositaires historiques comme les banques, mais ces derniers n’ont pas encore les connaissances techniques et les infrastructures nécessaires pour garantir la sécurité des tokens déposés.

La réticence des banques et assurances aux projets cryptos

Les banques prendront-elles le pas des crypto-monnaies ?
Les wagons des banques vont-ils se raccrocher à la locomotive crypto ?

« Les banques commerciales se privent d’opportunités dans un secteur dont la croissance n’est plus à démontrer. » – Rapport de l’Adan février 2022

70 % des entreprises interrogées déclarent avoir connu de grandes difficultés à recourir à un service bancaire, et plus précisément à une ouverture de compte. Pour y parvenir, le plus souvent, elles doivent dissimuler leur réel cœur de métier. Ce qui ne permet pas d’envisager le développement de leur activité de manière pérenne. 

L’accès au compte est d’autant plus compliqué si l’entreprise propose des services de gestion d’actif ou de conservation, c’est-à-dire de la détention d’actifs pour le compte de tiers, et des conversions de cryptos à cryptos ou de cryptos à monnaies ayant cours légal (dollars, euros, etc.). 

Le cas échéant, ces entreprises se tournent vers des établissements privés basés en Suisse ou au Luxembourg. Elles préféreraient pourtant que le dialogue soit plus ouvert avec les banques françaises, que ces dernières comprennent les enjeux et ne procèdent pas quasi systématiquement à la fermeture des comptes. 

Les raisons de la frilosité des banques vis-à-vis de la DeFi

Tout d’abord, il s’agit d’un manque de connaissance générale sur les sujets cryptos. Les institutions bancaires ne sont pas encore formées à l’évaluation des risques sur les flux crypto-fiat. Certaines banques croient même à tort que les cryptos servent au blanchiment d’argent issu d’activités illicites. Les entrepreneurs estiment donc que leurs interlocuteurs bancaires ne saisissent pas bien les opportunités associés aux cryptos et surtout leur aspect stratégique.

De plus, les banques ne voient pas vraiment d’un très bon œil le fait que les cryptomonnaies permettent de transférer de la valeur sans intermédiaire, de réduire les délais de transactions ainsi que les coûts. Elles perçoivent de facto les entreprises crypto comme des concurrentes, dont l’offre défie celle des banques traditionnelles. Ce faisant, elles se privent d’opportunités au regard de la croissance exponentielle du secteur. 

En comparaison, les banques américaines telles que US Bank, Goldman Sachs ou encore JP Morgan proposent elles-mêmes à présent des services crypto, malgré leur réticence d’autrefois. 

La timidité des assurances

Douche froide également pour les entrepreneurs du côté des assurances. 55 % d’entre eux ont connu des difficultés à l’accès d’un produit assurantiel. Les produits aujourd’hui disponibles sur le marché excluent les entreprises cryptos, par voie de conséquence, la grande majorité d’entre elles ne sont donc pas assurées. C’est particulièrement vrai en début d’activité. 

Ainsi, la demande existe, mais l’offre ne suit pas. Beaucoup d’entrepreneurs déclarent qu’en dépit du temps passé pour expliquer leurs besoins, ils ne bénéficient toujours pas d’une couverture. Celle-ci reste pourtant indispensable pour prétendre à la certification PSAN ou lorsqu’une responsabilité civile professionnelle est demandée dans le cadre d’une collaboration. 

Une comptabilité et fiscalité sur les cryptos encore floue

L’imposition sur les crypto-actifs est de 30 % sur les plus-values réalisées

À l’heure actuelle, les entrepreneurs considèrent avoir une vision très vague de la comptabilité et de la fiscalité relatives aux cryptos. Ce qui n’est pas sans susciter de nombreuses inquiétudes. Suite à la loi PACTE, le taux de prélèvement forfaitaire unique pour les particuliers réalisant des plus-values en crypto a été fixé à 30 %. Néanmoins, le traitement fiscal des particuliers entraîne dans les faits beaucoup plus de complexité : calculs des plus-values après de nombreuses conversions crypto-crypto à taux fluctuants, etc. 

Un nombre très restreint de cabinets comptables et fiscaux est aujourd’hui capable de conseiller les entreprises crypto. Hormis quelques rares cabinets comme ORWL et Waltio, peu de spécialistes sont prêts à prendre des risques sur l’interprétation des normes et lois existantes. Les entreprises interrogées sollicitent parfois trois ou quatre cabinets d’expertise pour s’informer sur les démarches possibles. 

Ce vide juridique est regrettable, dans la mesure où les plus-values réalisées permettraient de dynamiser l’économie réelle. Elles pourraient être réinvesties dans des bons du Trésors, des entreprises ou encore des biens immobiliers. 

Le regard hostile des médias et du gouvernement français sur l’univers des cryptomonnaies

0,15 % des transactions en cryptos étaient liées à des activités illicites en 2021
0,15 % des transactions en cryptos étaient liées à des activités illicites en 2021

Pour l’heure, les médias et l’État portent incontestablement un regard négatif, voire carrément noir sur le secteur des cryptos. Régulièrement associées à tort aux activités de trading, de spéculation ou de trafics illicites, l’opinion publique a collé aux cryptos une étiquette peu reluisante. C’est mal comprendre ce domaine et surtout faire fi du nouveau potentiel technologique qu’il offre.

Les conclusions parfois hâtives sur la consommation énergétique du bitcoin, par exemple, prouvent que les journalistes et personnalités politiques ne maîtrisent pas encore bien le sujet. Ils contribuent ainsi à la propagation d’idées erronées auprès du grand public. 

Autre exemple, 48 % des Français sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les cryptos sont des outils privilégiés pour financer le terrorisme ou blanchir de l’argent. Or, des études comme le « Crypto Report » de Chainalysis montrent que seulement 0,15 % des transactions en cryptos étaient liées à des activités illicites en 2021, dont 80 % liés à des arnaques ou fonds dérobés. 

Les acteurs de la crypto sont donc lassés d’être perçus comme de vils hackers, et de rencontrer une résistance à la fois très forte et presque systématique face au développement de leurs activités ; alors qu’ils pensent apporter des solutions à plusieurs niveaux. Ils sont aussi nombreux à pointer du doigt les incohérences des discours politiques qui chantent les louanges de la blockchain tout en vouant aux gémonies les cryptos. Beaucoup espèrent que les mentalités évoluent et que l’opinion publique sera plus favorable à leur égard dans un avenir proche. 

Source : La crypto en France : structuration du secteur et adoption par le grand public

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Ophélie Baudoin

Ophélie Baudoin

Rédactrice SEO indépendante, Ophélie est passionnée par les cryptomonnaies et l'investissement financier. Elle cherche à vulgariser ces thématiques afin de les rendre claires et accessibles pour tous. En 2020, elle a opéré un virage à 180 °C en se lançant dans la rédaction web. Durant la décennie précédente, elle travaillait à Pékin pour des institutions publiques, suite à l’obtention d'un Master anglais-chinois en langues appliquées.

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