Les entreprises low-code et no-code : opportunité ou désillusion ?

Faut il nécessairement être développeur Web pour créer une application, un site web ou automatiser un processus de tâches en 2022 ? Contrairement aux idées reçues, la conception d'une interface web ou le développement de systèmes actions est de plus en plus accessible, grâce notamment à l'émergence de deux nouveaux courant du développement digital : le no-code et le low code. 13,8 milliards de dollars en 2021, c'est le revenu généré par ce nouveau marché. Bulle spéculative ou réelle innovation ? Opportunité ou désillusion ? Decryptons ensemble les solutions du no code et low code. leur fonctionnement, et comment s'y exposer ?

Qu’est-ce que le low code et le no code ?

Avant de nous plonger dans les différents investissements possibles dans les entreprises low-code et no-code, découvrons ce qui se cache derrière ces méthodes de développement qui révolutionnent la production de solutions numériques.

No code et low code, quelle différence ?

Même s’ils sont proches, il ne faut pas confondre le no-code et le low-code. En effet, le premier permet de créer un produit digital sans aucune notion de programmation alors que le second reprend le concept du no-code en donnant aux utilisateurs la possibilité de modifier le code qui compose le programme développé.

Pour que vous maîtrisiez mieux le sujet, nous vous proposons de voir un peu plus en détail le fonctionnement de ces deux méthodes de travail.

Comment fonctionne le no-code ?

Le no code, également orthographié no Code ou encore no-code est une technique pour développer un programme informatique, un site internet ou une application. Comme son nom l’indique, les outils qu’elle propose sont utilisables par des personnes qui n’ont aucune connaissance en programmation et en code. Des widgets graphiques simplifiés et des modules prêts à l’emploi permettent aux utilisateurs de construire n’importe quel programme : une application mobile, un site web, un formulaire, un système automatisé ou encore un gestionnaire de base de données.

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Bon à savoir
C’est une alternative crédible au développement traditionnel pour les personnes et sociétés qui souhaitent créer leur propre produit, sans passer par de longues et coûteuses phases d’élaboration technique. Attention, même si le no code peut séduire sur le papier, la méthode et les outils proposés restent limités. Ils ne conviendront qu’au développement de solutions digitales simples.

Le low-code comment ça marche ?

Le low code, quant à lui, reprend le concept du no-code en donnant aux utilisateurs la possibilité de modifier le code qui compose le programme développé. Les modules préfabriqués par les outils low codes peuvent être édités et modifiés. Avec cette base de travail, les développeurs peuvent gagner du temps en utilisant des architectures ou modèles déjà programmés pour accélerer le processus de développement.

Quelles sont les entreprises no code et low code qui dominent le marché ?

Même si les deux systèmes peuvent paraître proches, les sociétés qui fournissent des services de développement en no-code et low-code peuvent se spécialiser dans l’un ou l’autre. Elles ont pris parti pour la plupart de proposer leur service en Software as a Service ou SaaS. Un Saas est une application hébérgée sur un cloud (plutôt que sur l’ordinateur ou le smartphone d’un utilisateur) et accessible depuis un navigateur web. Ces services permettent notamment de mettre à jour leurs applications sans intervention ou manipulation de l’utilisateur final.

interface de la plateforme application no code bubble
Bubble la plateforme no code pour créer une application sans connaissances de programmation

Les entreprises spécialisées dans le no code

Parmi les acteurs majeurs du marché des solutions no code, on retrouve en top des tendances Bubble qui propose une application web rapide et facile à prendre en main. Grâce à ses modules préfabriqués, les utilisateurs peuvent créer une application mobile ou un site web en quelques clics. Ce service est devenu si populaire qu’en 2021, la start-up a levé 100 millions de dollars pour enrichir ses services.

Ensuite, Airtable tire son épingle du jeu en proposant une architecture mêlant tableur, base de données et gestion de projet. Valorisée à 11 milliards de dollars, Airtable permet de construire des bases de données clients, organiser les tâches d’une entreprise, créer des calendriers partagés ou sonder ses clients. Plus puissant qu’Excel en terme d’intégration, Airtable permet d’ajouter des applications tierces (mail, réseaux sociaux, messagerie d’entreprises) et des éléments visuels dans les cellules de ses tableaux. C’est l’outil parfait pour la gestion d’entreprise, qui permet à ses utilisateurs d’administrer des base de données en travail collaboratif, avec une interface visuelle simple.

Poursuivons avec Zapier, une application web qui permet d’automatiser les tâches d’une organisation ou d’une entreprise avec des chaînes logiques. Cette solution digitale a atteint une valorisation de 5 milliards de dollars en 2021. En intégrant plus de 2000 applications digitales comme Facebook, Dropbox ou encore Slack, Zapier permet de créer des actions conjointes parmi celles-ci sans avoir à éditer une seule ligne de programmation. Par exemple, un community manager peut facilement diffuser un contenu simultanément sur plusieurs réseaux sociaux en connectant sa publication à Facebook, Twitter et LinkedIn.

Enfin, nous terminerons notre tour d’horizon avec Notion. La société qui exploite l’application, Notion Labs, était valorisée à 10 milliards de dollars en 2020. La plateforme a connu un pic de 4 millions d’utilisateurs inscrits en janvier 2022. Elle se présente comme une application web no code proposant une véritable boîte à outils organisationnelle pour les entreprises. Sa complexité apparente n’est qu’illusion : en quelques minutes, n’importe quel nouvel utilisateur peut créer un espace collaboratif interactif, créer des processus ou élaborer une page web.

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Les cadors du low code

Bien que moins accessibles et plus élaborées, les solutions low code sont très en vogue sur le marché des outils de développement. Elles sont plus à destination des entreprises que des particuliers.

Parlons d’abord d’Appian qui se positionne comme une plateforme de développement low-code généraliste. La solution est exploitée par Appian Corporation (APPN) qui était valorisée à 4,43 milliards de dollars fin 2021. Ses outils s’adaptent aussi bien aux développeurs, qu’aux non-initiés. En mettant à disposition des développeurs une banque de modules préconfigurés, Appian permet de déployer rapidement des solutions digitales à l’image de la société Bayer qui a développé en quelques jours un système de suivi d’indicateurs de performance clés pour ses collaborateurs.

Ensuite, nous ne pouvions pas parler de low code sans évoquer Salesforce. Avec une capitalisation boursière de 219 milliards de dollars, cet éditeur a fait ses preuves dans les logiciels professionnels en ligne comme les CRM (outil de gestion de la relation client). Conscient du potentiel que représente le marché du low-code, l’éditeur lance sa propre solution.

 

Enfin, parlons du portugais OutSystems. L’an dernier, la société était valorisée à 9,5 milliards de dollars. Cette plateforme low-code fournit des outils de développement et de déploiement d’application aux entreprises. Elle compte parmis ses clients des entreprises comme Axa Assurance, Volkswagen AG ou encore KPMG.

Pourquoi investir dans le no-code et le low-code ?

Voyons en détail les arguments qui pourraient vous éclairer sur l’engouement autour de ces entreprises.

graphiques représentants l'évolution des revenus des plateformes low code
Les projections des revenus des plateformes low-code jusqu’en 2027 donnent confiance

Un marché en plein essor

Le no-code et le low code ont le vent en poupe : on estime les revenus liés des plateformes low code à plus de 65 milliards de dollars en 2027 soit une augmentation de 500% par rapport à 2020. Cette tendance résulte des évolutions naturelles de nos habitudes dans une société qui se digitalise un peu plus tous les jours. Tous ces besoins d’agilité et de contenus partagés favorisent une croissance en développement de produits digitaux. Selon une étude publiée par le cabinet Gartner, jusqu’à 80 % des produits et services digitaux seront développés par des professionnels extérieurs au domaine informatique. Il y a donc de quoi être confiant sur de potentiels investissements quand on observe la croissance du secteur digital d’année en année.

Selon Forbes, cet engouement pour ce type de solution sans coding direct, se traduirait par des revenus avoisinant les 187 milliards de dollars d’ici 2030 (plateformes no code et low code confondues). Il faut dire que ces solutions facilitent grandement le travail des chefs ou responsables produits en leur permettant de mettre en forme directement leurs idées sous forme de maquette fonctionnelle. Ainsi l’écart entre la vision produit et un prototype testable se réduit.

No code et low code : réponses fiables à la transformation digitale des entreprises

Le passage des outils d’organisation et de communication traditionnels des entreprises, aux processus digitaux modernes représente une étape primordiale pour toutes sociétés qui souhaitent rester compétitives. Cette transition appelée transformation digitale s’accélère comme le montre le baromètre de France Num publié fin 2021.

Étude sur la transformation numérique des TPE/PME réalisée par France Num – Source : France Num

Du coup, les plateformes no-code et low-code se présentent comme des alternatives crédibles et peu onéreuses comparativement aux agences de développement traditionnelles. Ces solutions s’adaptent aux entreprises désireuses de garder une certaine autonomie et de construire des systèmes personnalisés.

Avec la pandémie de COVID-19, cette transition s’est accélérée comme le prouve cette étude sur le rapport d’engagement numérique réalisé par Twilio. Ainsi, en 2021, 1 entreprise sur 3 a augmenté son budget en transformation numérique afin de faciliter ses processus de travail et de communication.

En investissant dans de telles plateformes, vous participez à l’élan collectif pour la transition numérique et à la modernisation des entreprises.

Comment investir dans le no code et le low code ?

Le secteur des entreprises no code ou low code vous intéresse, mais vous ne savez pas comment et où investir ? Voici un état des lieux des posssibilités dinvestissement qui s’offrent à vous.

Investir dans des entreprises qui ont fait leurs preuves

Le plus simple pour débuter dans l’investissement dans le no code et low code reste de faire des placements sur des entreprises établies et qui ont fait leurs preuves. Voici quelques exemples qui pourront vous inspirer.

Comme nous l’avons vu plus haut dans cet article, Appian (APPN) est une entreprise qui a fait ses preuves sur le terrain et qui se positionne comme l’un des leaders des solutions low code. Ces solutions sont déjà utilisées par le département de sécurité défense des États-Unis d’Amérique, des assurreurs comme Cigna ou Aon mais aussi des cabinets de conseils comme KMPG ou Deloitte

Enfin, terminons avec le géant Salesforce (CRM) qui siège parmi les leaders du marché des solutions low code et des domaines digitaux en général.

Garder un œil sur les small caps et nouvelles solutions montantes

Notion, l’application no-code à surveiller

Avec ses 343 millions de dollar levés en 2021 auprès de fonds comme Sequoia Capital et Coatue, Notion est surement l’application no code la plus médiatisée à ce jour. Même si aucune annonce officielle n’a encore été publiée, une introduction en bourse serait la prochaine étape logique pour l’entreprise, si elle souhaite accélerer sa croissance et son adoption.

Il est important de noter que des géants du numérique comme Microsoft se lancent aussi dans la course du no code et low code. Avec le développement de Power Platform, la firme de Bill Gates propose une véritable solution qui s’intègre à l’infrastructure de ses outils classiques comme Office 365. Même si il n’existe pas encore de chiffres clés sur la valorisation de la plateforme, il se peut que celle-ci devienne une référence à laquelle s’intéresser.

À l’avenir, participer à une IPO d’une société no code comme Bubble peut aussi s’avérer être un pari intéressant. L’entreprise no-code fait régulièrement des levées de fonds. Même si elle n’a pas encore d’indicateur clé précis sur sa valorisation, vous pouvez suivre son actualité sur Twitter pour être informer de potentielles opérations boursières intéressantes.

Si vous souhaitez participer à une telle IPO, nous vous conseillons la lecture de notre article sur les introductions en bourse qui vous guidera pas à pas dans votre investissement.

L’avis de la rédaction sur les investissements dans le no-code et low-code

Pari risqué ou nouvelles économies ? La rédaction vous donne son avis sur les investissements dans les entreprises low code et no code.

Un marché montant, gage de croissance

Comme vous avez pu le lire dans cet article, le marché du low code et no code se développe rapidement. Que ce soit pour l’une ou l’autre des solutions, la demande est là. On remarque tout de même dans les tendances que les entreprises de services low code comme Microsoft, Salesforces ou Appian sont déjà bien installé sur le marché et que le no code commence tout doucement à montrer son potentiel. Ceci explique donc une capitalisation plus importante des entreprises low code comparé au no code.

Les entreprises qui éditent ces outils, s’adaptent aux nouveaux besoins des professionnels et même des particuliers. Ils sont permissifs et c’est ce qui fait leur force. Largement adoptées dans le monde du digital, les solutions low code et no code sont des pistes d’investissements à surveiller.

Assurer ses arrières en diversifiant ses investissements

C’est un des piliers fondamentaux de l’investissement en Bourse : plus on diversifie, plus on minimise les risques.

Cette règle est donc valable pour investir dans des sociétés no code et low code. Il conviendra donc de partager vos investissements entre des actions d’entreprises déjà établies et de parier sur des entreprises montantes en participant à des IPO. Il vous faudra bien étudier les différentes options qui s’offrent à vous.

Si vous voulez être sûr de ne tomber dans aucun piège, vous pouvez consulter notre article sur les 5 questions à se poser avant d’investir. Vous y retrouverez les bases fondamentales que vous pourrez appliquer à l’investissement dans le no code ou le low code.

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Thomas Thibault

Thomas Thibault

Passionné d'écriture depuis des années, Thomas a rejoint Investissons.fr dès sa création avec l'envie de fournir partager son savoir aux lecteurs de manière claire et pertinente. Thomas est particulièrement intéressé par les marchés financiers et les finances personnelles.

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