L’économie allemande en danger — Trop dépendante de la Russie et la Chine ?

Alors que le conflit russo-ukrainien a mis en lumière les failles de l’économie allemande, le ministre des Finances, Christian Lindner, s’est inquiété de la « forte dépendance » de son pays à la Chine et au gaz russe. Point sur la situation et sur l’état de l’économie allemande à travers le DAX, son principal indice boursier.

La situation en Allemagne alerte les économistes

Les répercussions du conflit russo-ukrainien

Longtemps considérée comme le bon élève de l’Union européenne, la première puissance d’Europe inquiète les économistes. Entre la crise sanitaire, le conflit en Ukraine et les récentes sanctions européennes contre la Russie, le conseil des experts allemands a revu fortement à la baisse ses objectifs de croissance.

L’année 2022 s’annonce compliquée pour l’Allemagne, avec une inflation qui grimperait de 2,6% à 6,1% et une croissance qui dégringolerait de 4,6% à seulement 1,8%. Au-delà de ces estimations, ce sont surtout les problèmes de dépendance de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine et de la Russie qui inquiètent.

Avant le début du conflit, 45% du gaz du pays, 47% du charbon, et de 25% à 30% du pétrole importés venaient de Russie. Derrière ce manque de diversification, c’est la politique d’Angela Merkel qui est pointée du doigt.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui pointent du doigt les répercussions désastreuses de la stratégie appliquée par l’ex-chancelière depuis plusieurs années. Suite au drame de Fukushima, les usines nucléaires ont été fermées outre-Rhin, pour privilégier les énergies renouvelables (éolien, solaire) et le charbon. De plus, Merkel a été à l’initiative de Nord Stream 2, un immense projet de gazoduc permettant d’acheminer du gaz directement depuis la Russie.

L’Allemagne « doit diversifier ses relations internationales »

Dans une interview accordée ce mercredi au journal Die Zeit, le ministre des Finances, Christian Lindler, a également alerté sur la « forte dépendance » de son pays vis-à-vis de la Chine : « Nous devons diversifier nos relations internationales, y compris pour nos exportations ».

Grande nation exportatrice, l’Allemagne est le premier partenaire économique de la Chine en Europe. Pour information, en 2021, plus de 245 milliards d’euros ont été échangés entre les deux pays. Tout d’abord, car la Chine est le premier client de l’Allemagne sur le plan de l’automobile. Ensuite, car de nombreuses industries allemandes ont été délocalisées en Chine, ce qui a entraîné une intensification des importations depuis ce pays.

« Le moment est peut-être venu de faire des affaires de préférence avec ceux qui ne sont pas seulement des partenaires commerciaux, mais qui veulent aussi être des partenaires du point de vue des valeurs », a expliqué Christian Lindler, visant directement la Chine et ses problèmes de droits humains.

Déjà bien impactée lors de la crise sanitaire en 2020, avec les blocages de ports et d’usines ou l’augmentation des frais et des délais de livraison, l’Allemagne se retrouve à nouveau au pied du mur. La diversification de la chaine d’approvisionnement et de l’origine des matières premières employées dans son industrie est l’un des enjeux clés pour le pays outre-rhin, en se tournant notamment vers des pays émergents.

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Le DAX, c’est quoi ?

Le DAX, abréviation de « Deutscher Aktien IndeX » est le principal indice boursier allemand. Il est à l’Allemagne ce que le CAC 40 est à la France. En effet, il englobe quarante des entreprises allemandes les plus importantes et les plus capitalisées à la bourse de Francfort, principale place financière du pays.

Parmi les principales entreprises qui composent cet indice, on retrouve notamment : Adidas, Allianz, Bayer, BMW, Deutsche Bank, Siemens, Volkswagen, etc. C’est l’indicateur principal pour suivre la santé de l’économie et de l’industrie allemande.

Créé en 1987 avec un niveau de base de 1000 points, le DAX comprenait initialement 30 entreprises dans son panier. En septembre 2021, l’indice s’est élargi à 40 sociétés. Celles-ci représentent 75 % du capital total qui s’est échangé à la Bourse de Francfort en 2021.

L’indice DAX chute de 20% en un mois

Alors que le DAX latéralisait depuis presque un an dans un canal entre 14850 et 16250 points, la borne basse a été cassée à la suite de l’annonce du conflit russo-ukrainien. En effet, entre le 18 février et le 7 mars, l’indice a perdu près de 20% de sa valeur.

Après avoir re-testé sans succès l’ancien support, devenu résistance, le cours du DAX a rechuté de plus de 6% en quelques jours. De surcroît, les indicateurs techniques sont majoritairement baissiers à court terme.

Dans cette situation, les analyses fondamentales et techniques corroborent. Elles témoignent d’une situation économique tendue et incertaine qui devrait continuer à tirer vers les valeurs boursières vers le bas tant que le contexte géopolitique en Europe ne s’améliore pas.

Source : Bloomberg