Qu’est-ce que le crowdfunding, ou financement participatif ?

1,1 milliard d’euros collectés en financement participatif en 2021: le secteur du crowdfunding connaît un véritable essor en France. Comment fonctionne-t-il et qui peut y prendre part ? Quels types de projets sont disponibles et sur quels sites ?
Tout savoir sur le crowfunding

Définition et rappel historique sur le crowdfunding

Comment définir le crowdfunding ?

Le crowdfunding est un concept de collecte de fonds via une plateforme sur Internet, permettant à des individus de mettre en avant leurs projets (entrepreunarial, humanitaire, artistique, etc.) et à un ensemble de contributeurs de les financer collectivement par leurs dons.

Littéralement « Financement par la foule », le crowdfunding a été plus joliment traduit en français par « financement participatif ». Relancé il y a quelques années sur Internet, ce principe met en relation des entrepreneurs, artistes, créateurs, start-ups ou particuliers, tous à la recherche de soutien financier pour développer leurs projets, avec des donateurs potentiels, grand public, professionnels ou investisseurs de métier. Les premiers soumettent leurs projets dans différents domaines aux seconds et tentent de faire connaître leur produit ou campagne au plus grand nombre.

En France, les sites de financement participatif sont plus connus sous les noms de KissKissBankBank, Ulule ou encore le précurseur désormais disparu My Major Company. Cette plateforme avait permis l’émergence des chanteurs Grégoire, Irma ou encore Joyce Jonathan. Financés par les internautes, ils ont pu sortir un titre chacun, puis un album.

Définition du crowdfunding

Un peu d’histoire !

Le principe du financement participatif n’est pas récent, au contraire. On estime que les prémices de cette pratique remontent à la fin du 19ème siècle. L’un des monuments les plus célèbres au monde, la Statue de la Liberté, a été construite en 1875 grâce à une souscription publique réalisée auprès du peuple français et américain. Plus de 160 000 contributeurs ont permis la réalisation de la statue qui fut offerte par la France, en signe d’amitié, aux Etats-Unis. 

Quelques années plus tard, c’est au tour de la fameuse Sagrada Familia, monument emblématique de Barcelone initié en 1885 par l’architecte catalan Gaudi. Sa construction a longtemps reposé sur les financements de donateurs anonymes. N’étant encore pas achevée, ce sont les fonds récupérés lors des visites qui permettent de continuer les travaux. 

Finalement, faire appel à la générosité de sa communauté pour financer son projet n’est pas une idée très novatrice. Toutefois, son utilisation a récemment explosé grâce à l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux. 

Quelles sont les modèles de financement ?

Il existe trois modèles différents pour le financement participatif en France, qui diffèrent selon les plateformes.

– le prêt : qui permet de financer des projets via des prêts gratuits ou rémunérés, avec un taux d’intérêt variant selon les plateformes ;

– le don : avec ou sans contreparties non financières. Un particulier, une association, un professionnel, donne une somme d’argent sans rien attendre en retour ou pour une contrepartie minime. Le don est généralement utilisé par les particuliers pour des projets personnels ou des associations, pour une campagne précise par exemple. Les contreparties aux donateurs sont le plus souvent proportionnelles à leur don, ou il s’agit de pré-vente d’un produit ;

– l’investissement en capital : par ce biais, on peut soutenir un projet d’entrepreneur ou une start-up en souscrivant des titres de capital ou de créance. La contrepartie est une participation aux bénéfices du projet, si celui-ci connaît le succès. Contrairement au marché boursier, ce mode de financement privilégie les rapports entre l’investisseur et le porteur de projet et favorise la confiance dans les projets. 

Les solutions de crowdfunding

Pourquoi avoir recours au crowdfunding ?

Quels sont les avantages du crowdfunding ?

À l’heure où les banques peuvent se montrer frileuses à suivre les entrepreneurs, le contact avec des investisseurs potentiels par la toile semble à beaucoup d’égards la bonne alternative. Les porteurs de projet peuvent se mettre en scène, présenter leurs objectifs, leurs envies, mais aussi communiquer avec le public et les professionnels. Leur expliquer clairement, souvent avec vidéo ou infographie, ce que deviendra l’argent collecté. Leur proposer de suivre le projet une fois finalisé… Une forme de transparence, en somme.

La première idée du crowdfunding reste la philanthropie. Soutenir la démarche d’un proche, d’un ami, d’une connaissance. Soutenir un projet car on aime bien le principe. Soutenir des valeurs qui nous sont familières. Attendons-nous pour autant un retour sur investissement ? Pas toujours, surtout quand nous choisissons le système du don. Pour ces sites, des contreparties existent, souvent éloignées de la somme demandée. Mais c’est plutôt pour le principe que les internautes font la démarche. Acte davantage militant, même si un objet floqué ou un cadeau fait toujours plaisir.

En revanche, dans le cas des investissements en capital ou des prêts, comme sur les sites spécialisés Lendosphère, Anaxago ou Lymo, le donateur récupère sa mise agrémentée d’intérêts. Un bon moyen pour placer son épargne, qui attire de plus en plus de Français.

Le choix d’investir dans un projet précis permet également au donateur de reprendre le pouvoir sur son argent. Comme détaillé lors de la collecte par les porteurs de projet ou si un suivi est assuré, il sait exactement comment son argent est utilisé et à quoi il sert. Moins d’abstrait, plus de concret. 

Cette méthode, portée par de nouvelles technologies toujours plus réactives, permet de rendre possibles la création et l’innovation, en gagnant quelques années sur la réalisation des projets. Malgré l’attirance que la toile peut provoquer, le financement sur le web comporte le risque pour le porteur de projet de ne pas atteindre son objectif…et donc de ne pas pouvoir toucher la somme déjà récoltée. Les donateurs ayant misé sur le prêt ou l’investissement en capital prennent un risque de perdre leur placement, comme ce serait le cas dans des projets via la bourse par exemple. 

Comment se financent les sites de crowdfunding ?

Les sites de financement participatif se rémunèrent à la commission, sur les collectes de fonds réussies. Il arrive que les porteurs de projet comptent cette commission comme des « frais » dans leur collecte. Elle peut varier selon les plateformes (entre 3 et 13 % TTC).

Pourquoi le crowdfunding a-t-il explosé ces dernières années ?

Comme abordé plus haut, les collectes de fonds, les souscriptions, les appels à dons – bref, les campagnes de financement faisant appel à la générosité des gens pour un projet – ont toujours existé. Avec l’émergence de la radio puis via la télévision, elles ont pris une autre dimension. Mais c’est surtout l’arrivée d’Internet qui a bouleversé la donne, rendant ces campagnes plus accessibles à tous. Il est aujourd’hui possible de donner à un projet qui ne sera pas finalisé dans votre ville, votre région ou même votre pays… 

Le développement des sites communautaires, comme MySpace, qui ont fédéré des communautés, a beaucoup aidé. Puis les premiers sites français ont été créés, comme MyMajorCompany. Le financement à succès de l’album de Grégoire en 2008 a mis en lumière et popularisé cette pratique. Plus tard, l’arrivée des réseaux sociaux a permis à des personnes de mettre en avant leur personnalité, leurs projets, leurs talents, ou toute autre particularité permettant d’attirer une communauté solide autour d’eux. Une communauté prête à donner quelques euros pour financer le projet de cette personne qu’ils affectionnent et suivent au quotidien. 

Un exemple franco-français est le ZEvent, un événement organisé tous les ans par un streamer connu sous le pseudonyme de Zerator. Durant un week-end, il regroupe une bande de streamers autour du domaine des jeux vidéos, le tout retransmis en direct sur la plateforme de streaming Twitch. Son objectif est de récolter des fonds grâce aux dons des viewers (spectateurs) et des streamers pour une cause particulière. En 2021, plus de 10 millions d’euros ont été récoltés en faveur d’Action contre la Faim. 

Photo finale du ZEvent 2021Source : ZEvent

Quelle est la situation du crowdfunding en 2021 en France ?

Quelques chiffres et données statistiques :

Début 2021 est paru le baromètre annuel de la finance alternative et du financement participatif en France pour l’année passée. Cette étude est menée depuis quelques années par KPMG et l’association Financement participatif France (FPF), qui analysent les fonds collectés, les secteurs représentés, le profil des donateurs. Le but ? Établir un panorama du financement alternatif dans notre pays et regarder sa santé. 

Les résultats sont édifiants : en 2020, le milliard d’euros de financement participatif a été atteint en France. Une progression de +62% par rapport à 2019, témoignant de l’importance que prend le crowdfunding dans le paysage du financement en France.

Évolution du crowdfunding en France

201520162017201820192020
167
millions €
234
millions €
336
millions €
402
millions €
629
millions €
1020
millions €

En 2015, c’est 167 millions de dollars qui ont été levés par le biais du financement participatif. Depuis, la progression a été fulgurante et les chiffres se sont multipliés par plus de 6. Autre information notable, 2020 est la première année où le don sans récompense dépasse le don avec récompense. Là où la répartition était de l’ordre du 20 – 80% sur les trois années précédentes, la tendance s’est complètement inversée et est de l’ordre du 60 – 40%. Au total, ce n’est pas moins de 115 616 projets financés par le biais du crowdfunding, dont près de la moitié concernant des particuliers. C’est cinq fois plus qu’en 2018. 

Comment expliquer ce succès ? Entre autres raisons, l’arrivée de nouvelles plateformes, de nouveaux outils pour financer, le suivi par les médias de nombreux porteurs de projets, ou encore l’émergence de l’investissement en capital.

Quels sont les secteurs d’activités concernés ?

Grâce au crowdfunding, on peut financer… à peu près tout. C’est même le principe. Ceci dit, des plateformes spécialisées et performantes dans des domaines spécifiques existent pour éviter de s’y perdre. Au donateur ou à l’investisseur de choisir le domaine qui l’intéresse.

D’après le baromètre de référence de la finance alternative de KPMG et l’association FPF, dans l’Hexagone, ce sont les particuliers qui ont lancé le plus de projets via ce mode de financement. De plus, c’est le secteur de l’économie et des sociétés qui a le plus récolté de fonds en 2020 (740 millions d’euros). Dans ce secteur, on retrouve notamment l’immobilier, l’environnement, les commerces et les services. En 2020, le financement participatif a surtout été un levier pour l’économie solidaire et responsable. Sur les plateformes telles que KissKissBankBank, c’est la catégorie solidarité qui l’emporte sur la musique ou encore la santé. Au total, ce secteur représente 52 millions de dollars de dons.

Il existe également des plateformes dédiées à l’environnement, aux énergies renouvelables et à la transition écologique. Ce domaine d’activité a connu un bon dans le crowdfunding depuis l’année passée, ramassant 117 millions d’euros, soit 2 fois plus qu’en 2019.

Lilian Aliaga

Lilian Aliaga

Lilian est titulaire d'un diplôme d'école d'ingénieur à l'ENSEEIHT de Toulouse et d'un master à l'USTH d'Hanoi au Vietnam. Il découvre le monde de l'investissement par le biais des cryptomonnaies, domaine pour lequel il se passionne très rapidement. Lilian est également rédacteur et vidéaste pour le média Cryptoast.

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