L’Intelligence Artificielle (IA), investir dans l’industrie du futur ?

Comme toute tendance novatrice qui ambitionne de changer le monde, le marché de l'Intelligence Artificielle est encore un peu flou. Dans ce cas, comment les investisseurs peuvent-ils profiter de l'avancée de cette nouvelle technologie ?
Pourquoi s'intéresser à l'intelligence artificielle ?

Qu’est-ce que l’Intelligence Artificielle ?

La naissance de l’Intelligence Artificielle

L’IA n’est pas un sujet de recherche aussi récent que l’on pourrait le croire. Les balbutiements de la discipline remontent en effet aux années 1950 et les travaux d’Alan Turing, l’un des plus brillants mathématiciens de l’histoire. À l’époque, son fameux Test de Turing, censé évaluer la capacité d’une machine à tenir une conversation avec un humain, ainsi que ses travaux sur les algorithmes et les machines posent les bases de ce que deviendront les ordinateurs.

Moins d’une décennie plus tard, Marvin Lee Minsky inventera le terme d’intelligence artificielle et le définira comme « la construction de programmes informatiques qui s’adonnent à des tâches demandant des processus mentaux de haut niveau tels que l’apprentissage perceptuel, l’organisation de la mémoire et le raisonnement critique ».

Depuis, la définition a quelque peu évolué, bien qu’elle continue de respecter les fondements posés par Minsky. De plus, elle a évidemment nourri une multitude de fantasmes d’abord chez les auteurs de science-fiction, puis chez les chercheurs. Jusqu’à devenir une réalité qui se démocratise aujourd’hui.

Eliza, un programme informatique capable de passer le Test de Turing dès 1966

Eliza, un programme informatique capable de passer le Test de Turing dès 1966 –
source : intelligence-artificielle.com

L’Intelligence Artificielle, une technologie omniprésente

Désormais, la technologie est en effet bien présente, et même de plus en plus répandue. L’Intelligence Artificielle, après des décennies de recherches, permet maintenant aux machines ou aux logiciels de « penser » comme des humains. Ou plutôt d’imiter la manière dont nous pensons. À la croisée des chemins entre informatique, mathématiques et sciences cognitives, l’Intelligence Artificielle permet d’ores et déjà d’effectuer des calculs complexes en traitant une quantité phénoménale de données, le tout en un temps record. Dans ses applications plus concrètes, l’IA est utilisée dans des domaines aussi variés que la reconnaissance faciale, vocale, l’industrie du jeu vidéo, la robotique, la cybersécurité, etc…

Pour beaucoup d’experts, la démocratisation de l’Intelligence Artificielle est déjà considérée comme la 4e révolution industrielle, au même titre que l’invention de la machine à vapeur ou encore la production de masse et la ligne d’assemblage. Et bien évidemment, un tel changement de paradigme encourage depuis quelques années de nombreux investisseurs à se positionner sur le marché, déjà bien soutenu par les politiques étatiques des plus grandes puissances économiques.

Les 4 révolutions industrielles

Les 4 révolutions industrielles – source : Le Kiosque Digital du Burkina

Un marché en constante croissance

Une croissance annuelle d’environ 20% depuis 2016…

En France par exemple, le Président Macron annonçait en 2018 vouloir allouer 1,5 milliard d’euros de crédits publics au développement du marché de l’Intelligence Artificielle, suite au rapport rendu par Cédric Villani. Dans celui-ci, le mathématicien et député appelait également de ses vœux la création d’un réseau de collaboration européen centré sur la recherche, mais acceptant des financements privés. Le but avoué de cette mise en commun des ressources, qu’elles soient intellectuelles, financières et techniques étant évidemment de rattraper le retard accumulé par l’Europe face aux grands leaders de l’IA : les États-Unis et la Chine.

Ces derniers ont en effet largement accéléré l’avancée des technologies de l’IA et surtout, multiplié les sommes engagées dans le domaine. À titre d’exemple, sachez que si le marché mondial de l’IA ne représentait qu’environ 16,14 milliards de dollars en 2017, l’International Data Corporation (IDC) constate depuis une croissance comprise entre 18% et 21% chaque année.

… et qui continue de grandir !

Mais ce qui ravit le plus les investisseurs, c’est bien la perspective d’un avenir encore plus radieux. En effet, les estimations récentes prévoient que la valeur du marché pourrait monter jusqu’à 62,5 milliards en 2022 et 126 milliards de dollars en 2025 !

Une croissance impressionnante qui s’explique de plusieurs manières. Avant tout, parce que l’IA est par nature en perpétuelle progression. Par définition, celle-ci est programmée pour apprendre toujours plus, de plus en plus vite, et avec une précision accrue après chaque test. Mais plus concrètement, l’attrait de l’Intelligence Artificielle se situe également dans l’augmentation du rendement qu’elle permet déjà. Automatisation des tâches, production sans interruption, expédition des produits de manière autonome… Toutes ces possibilités rendues possibles par l’IA pourraient, selon une étude du cabinet de conseil Accenture, contribuer à augmenter la productivité mondiale de 40% d’ici 2035. Et dans le même temps, d’autres études réalisées par PwC ou encore le World Economic Forum avancent que l’IA devrait créer autant (voire plus) d’emplois qu’elle n’en supprimera dans les années et les décennies à venir…

Toutes ces données mises bout à bout laissent penser que le marché de l’Intelligence Artificielle n’est encore qu’à ses débuts. Et par conséquent, que les investisseurs du monde entier seraient bien avisés d’y participer. À condition, bien sûr, d’en avoir les moyens.

Une estimation du chiffre d'affaire généré par l'Intelligence Artificielle et par région du monde

Une estimation du chiffre d’affaire généré par l’Intelligence Artificielle et par région du monde – Sources : Statista & Tractica

Par quels moyens investir dans l’Intelligence Artificielle ?

Acheter des actions

Impossible de parler d’IA sans mentionner les géants de l’informatique. En effet, des entreprises telles qu’IBM, Alphabet (maison mère de Google), Facebook, Apple et bien d’autres dépensent chaque année des milliards de dollars dans la recherche pour l’Intelligence Artificielle. Surtout, ils utilisent déjà activement cette technologie pour traiter l’incommensurable masse de données récoltée à chaque instant : le fameux « big data ». Ainsi, il ne sera guère surprenant de constater qu’acheter des actions des leaders de la high-tech sera le moyen le plus efficace de tirer profit du boom de l’IA. Les entreprises citées plus haut sont en effet toutes cotées à Wall Street, sur les places boursières chinoises ou en Europe. Cependant, le prix des actions de telles entreprises n’est évidemment pas accessible à tous les portefeuilles.

Néanmoins, des actions d’autres sociétés de tailles plus modestes telles qu’Advanced Micro Devices (AMD), Hortonworks ou Nvidia sont également cotées en Bourse, et pour un prix un peu plus raisonnable. Du côté de la Bourse de Shenzen, on recommandera par exemple l’entreprise chinoise iFlyTek, spécialisée dans la reconnaissance de texte. Dans le même temps, il paraît tout aussi judicieux de garder un œil sur son compatriote SenseTime, une start-up quant à elle spécialiste de la reconnaissance faciale. Bien que son entrée à Shenzen ait été retardée suite à son inscription sur la liste noire des entreprises chinoises par les américains, elle a tout de même réussi son introduction sur la place de Hong Kong le 30 décembre dernier. S’il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions sur le futur rendement de ses actions, la croissance globale du marché et le soutien du gouvernement chinois encouragent à l’optimisme.

Pour ce qui est du marché européen, il est hélas moins développé que celui d’Outre-Atlantique ou d’Asie. Néanmoins, les investisseurs français souhaitant placer leur argent chez des entreprises locales seraient bien avisés de régulièrement lorgner sur Dassault Systèmes ou encore Criteo, leader du ciblage publicitaire sur Internet au sein de l’Hexagone. En attendant peut-être un retour en force de la « startup nation », et le développement de nouvelles opportunités dans les années à venir.

Cependant, et quelle que soit l’entreprise que vous pourriez choisir, rappelez-vous toutefois que le marché de l’Intelligence Artificielle est encore relativement sauvage. Ainsi, placer tous vos œufs dans le même panier constitue un risque considérable pour votre épargne, même si la perspective de retour sur investissement juteux peut naturellement faire envie. Il sera donc conseillé de répartir les risques en investissant de plus petites sommes dans plusieurs entreprises.

Les GAFAM, principaux acteurs de l'IA, n'en finissent plus de grandir

Les GAFAM, principaux acteurs de l’IA, n’en finissent plus de grandir – Sources : LaTribune & Macrotrends

Les Exchange Traded Funds (ETF)

Et heureusement, les ETF (ou fonds négociés en bourse en français) arrivent en force sur le marché de l’IA. Ceux-ci représentent en effet une alternative généralement plus sûre que les actions. Grâce à leur exposition à un panier de valeurs regroupant plusieurs entreprises, les risques de chute d’une valeur en particulier s’en trouvent nettement dilués. En outre, suite à la croissance régulière du marché de l’Intelligence Artificielle, on voit poindre de plus en plus d’ETF dédiés à l’IA, dont certains sont parfois couplés avec le marché de la robotique, afin de mitiger encore plus les risques. Il serait évidemment trop long de tous les citer, mais en voici 3 qui pourraient intéresser un large éventail d’investisseurs :

  • L’ARK Autonomous Technology & Robotics (ARKQ);
  • Le Lyxor MSCI Robotics & AI (ROAI);
  • Quantum (QTUM).

Commençons avec l’ETF ARK Autonomous Technology & Robotics (ARKQ), qui rassemble des valeurs telles qu’Alphabet, Trimble Inc ou Baldu, et qui a connu une croissance de près de 190% depuis mars 2020. Lancé en 2014, cet ETF est exclusivement exposé aux compagnies cotées à la Bourse de Chicago travaillant aussi bien dans l’IA que la robotique, la transportation autonome, l’impression 3D ou encore l’exploration spatiale. De tous les ETFs étudiés lors de la rédaction de cet article, il s’agit clairement de celui qui offre les meilleures possibilités de retour sur investissement.

 

Autre ETF digne d’intérêt, le Lyxor MSCI Robotics & AI (ROAI), est l’un des plus stables, avec une performance de +22,91% sur l’année 2021. Il comprend des valeurs de grande à petite capitalisation issues de 31 pays différents, et exclut les sociétés aux faibles scores Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance (ESG). Ainsi, en investissant au sein de cet ETF, vous vous assurez que les impacts écologiques et éthiques des entreprises intégrées soient toujours pris en compte. Ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas lorsque l’on parle d’Intelligence Artificielle…

Enfin, pour les investisseurs cherchant un moyen d’investissement abordable, citons l’ETF Quantum (QTUM) de la société de gestion Defiance. Lancé en septembre 2018, l’ETF est assez petit avec 168 millions de dollars sous gestion, mais il propose des frais de gestion plus que raisonnables (0,40%). Regroupant des entreprises évoluant dans le domaine du machine learning, du cloud, et de l’informatique quantique, l’ETF Quantum apparaît comme un bon point d’entrée pour les investisseurs novices désireux d’apporter un peu de diversité au sein de leur portefeuille.

Les multiples applications présentes et futures de l’Intelligence Artificielle Source : Le Parlement Européen

Conclusion : un bel avenir, mais un présent encore flou

En conclusion, rappelons que si le marché de l’Intelligence Artificielle est effectivement en plein boom, le prix d’entrée demeure pour le moment assez élevé. Soutenu par les plus grandes entreprises du monde, les États et le développement de la 5G, l’IA est un sujet qui revient presque quotidiennement dans les médias, car ses applications sont à la fois nombreuses et aux impacts tout aussi conséquents.

Destinée à changer les secteurs de la médecine, de l’industrie, de la communication et de l’éducation, tous les experts s’accordent à dire que la prochaine grande révolution de nos modes de vie sera celle de l’Intelligence Artificielle. Néanmoins, nombreux sont également ceux qui pensent que le moment d’investir dans l’IA n’est pas encore venu pour les particuliers. Comme tous les secteurs en plein essor, le marché de l’Intelligence Artificielle devrait en effet subir dans les années à venir une correction significative des cours et de la législation. En attendant, le marché est encore imprévisible, coûteux, et prompt aux changements radicaux. En bref : potentiellement juteux, mais risqué.

Si vous souhaitez dès aujourd’hui investir dans cette technologie d’avenir, mieux vaudra donc passer par des ETFs qui vous permettront de diluer les risques à travers un maximum d’entreprises qui réagiront différemment à l’évolution du marché, de manière directe ou non. Plus important encore, ils sont gérés par des professionnels qualifiés, habitués à réagir rapidement aux fluctuations du marché. Bien sûr, l’envie de tenter un gros coup sur une seule entreprise ou start up est compréhensible, mais attention à ne pas vous brûler les ailes en espérant être le premier à dénicher le nouvel Amazon ou le futur Google, et finalement vous retrouver avec le nouveau Yahoo…

Baptiste Vinçon

Baptiste Vinçon

Rédacteur indépendant depuis plus de 4 ans. Passionné par la vulgarisation de l'industrie, de la finance et des nouvelles technologies, Baptiste démocratise les sujets liés aux matières premières, aux marchés financiers et au développement durable.

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