Énergie : retour sur la chute du géant russe Gazprom

La guerre qui a éclaté le 24 février dernier entre l’Ukraine et la Russie secoue l’actualité planétaire et les marchés financiers n’en font pas exception. Alors que les conséquences géopolitiques se font ressentir, l’effet boules de neige de cette vendetta des temps modernes touche également les places boursières du monde entier. Revenons ensemble sur la chute du géant russe Gazprom, ou comment le premier producteur mondial de gaz a vu sa valeur partir en fumée.

Zoom sur GazProm, premier producteur mondial de gaz naturel

Cette compagnie russe est spécialisée dans l’exploration, la production et la commercialisation de gaz naturel. Depuis sa création en 1989, elle a su se dessiner une place de choix et a fini par conquérir le marché en devenant le plus grand fournisseur de gaz au monde. Son chiffre d’affaires sur l’année 2021 fait de Gazprom la plus grosse entreprise russe. Elle représente à elle seule 8 % du PIB de son pays. 

Si la société est tant pointée du doigt en cette période charnière, c’est que le gouvernement russe en est son actionnaire majoritaire à hauteur de 50,2 % depuis 2005. Une détention stratégique pour le pouvoir en place, qui l’utilise volontiers pour mener à bien de nombreuses négociations d’ordres géopolitiques et économiques. En tout, la Russie assure environ 40 % de l’offre de gaz en Europe !

La France est évidemment cliente de sa fourniture en énergie : plus de 15 000 sites à travers le pays en dépendent. Cependant, d’autres pays sont encore bien plus dépendants au gaz russe. C’est le cas de l’Allemagne, dont 45 % de leur gaz provient justement de Gazprom en 2020.

Gazprom : délaissé par ses partenaires européens et nouvel accord ouvert avec la Chine

L’UEFA et le FC Schalke 04 se passent du soutien du gazier russe

Fleuron de l’économie russe, la société est en train de vivre une véritable descente aux enfers tant sur le plan financier qu’en termes d’image de marque. C’est simple, son cours ne vaut désormais presque plus rien. Son action ne se négocie plus qu’à quelques poignées de centimes à cause des sanctions accumulées et des investisseurs qui accourent pour liquider leurs positions.

Forte de sa collaboration avec l’UEFA depuis 2012, Gazprom a vu disparaître ce partenariat de longue date le lundi 28 février dernier. Et pour cause, la guerre déclarée par la Russie contre le peuple ukrainien a fait réagir l’instance européenne, qui a expressément émis la demande auprès de ses avocats d’entamer une rupture de contrat qui a été mené à bien.

Du côté de l’Allemagne, son équipe de Schalke 04 a mis un terme définitif à son association avec le géant du gaz Gazprom. Dans un premier temps, le club avait d’ores et déjà supprimé la marque de leurs maillots, refusant à présent d’être sponsorisé par une société russe. Le comité directeur du FC Schalke 04 se montre confiant quant à la présentation prochaine d’un nouveau partenaire.

Gazprom négocie un nouvel accord avec la Chine en plein milieu du chaos

Alors que les pays du monde entier soutiennent l’Ukraine et rompent leurs partenariats économiques ou politiques avec la Russie, il n’en va pas de même pour la Chine. Depuis 2014, Gazprom a un accord de 400 milliards de dollars sur 30 ans avec le pays asiatique. Ces derniers temps, les expéditions vers la Chine se sont amplifiées, à l’inverse des flux vers l’Europe. Un nouvel arrangement avec la Chine a été conclu, ce qui tombe à pic lorsque l’Europe tourne littéralement le dos à la société russe et entrevoit des options pour se passer de son gaz. Ce contrat donne l’occasion à Gazprom d’atténuer sa dépendance aux pays européens…

Le cours de l’action de Gazprom dévisse suite aux premières opérations militaires en Ukraine

À peine l’assaut russe lancé sur les terres ukrainiennes, les investisseurs se sont affolés et le cours de l’action Gazprom a chuté en l’espace de quelques heures seulement. La banque centrale de Russie a jugé bon de maintenir la fermeture de la Bourse de Moscou après le début de l’attaque afin de protéger les investisseurs locaux. Sa réouverture ne se fera pas avant le 9 mars 2022. 

Alors que l’indice Gazprom se situait dans une zone d’évolution pérenne aux alentours de 300 roubles, il a perdu près de 90 % de sa valeur à la bourse de Londres à l’ouverture de la séance du 24 février 2022. Son cours a continué à chuter les prochains jours, non sans être les seuls à couler…

Quel avenir pour l’action de cette société russe ?

Après ce cataclysme boursier provoqué par la Russie, il peut être tentant d’acheter des actions Gazprom en ce moment, justement, car leur cours ne pourra jamais être plus bas. Même s’il est bien possible de s’en procurer, les Bourses sont susceptibles d’empêcher cet élan. Les risques continuent de courir au-dessus de toutes les entreprises Russe et pourraient très bien évoluer dans les mois à venir. Il faut donc être très prudent et se tenir au courant de toutes les décisions prises en rapport avec les restrictions économiques affligées à la Russie.

À l’image de la chute du géant russe Gazprom, le pays oligarque semble courir à sa perte. L’attaque de Vladimir Poutine envers la population ukrainienne a eu un impact quasiment instantané et dévastateur sur toute l’économie de son pays. En provoquant de tels désordres géopolitiques, il s’est condamné à faire de la Russie une île coupée du reste du monde, dont les sanctions financières risquent de perdurer.

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